L’agonie de la dictature


Une fois Juan Carlos proclamé successeur à la direction de l’État (1969), avec les plans de développement en plein essor et les gouvernements technocratiques mis en place, la dictature de Franco -organisée autour des lois fondamentales du régime- essaye d’ouvrir la “démocratie organique” avec des associations politiques au sein du Mouvement National, mais aucune mesure est prise avant 1974. On envisage deux groupes différents dans la dictature pendant les années 1960: les “progressistes” (“aperturistas”) et les membres du bunker, partisans de la consigne “attaché et bien attaché” sur la continuité du régime. Quels seront les événements qui déclenchet l’agonie du franquisme?

D’abord, l’organisation terroriste ETA, née en 1959, assasine le premier ministre Carrero Blanco en 1973. C’est le début de l’agonie, car l’amiral était le bras droit du généralissime: c’était difficile à remplacer, dans le contexte envisagé de la mort de Franco. Dans ce contexte, la répression se déclenche aussi contre CCOO, syndicat clandestin soutenu par le PCE, dont la coupole était emprisonnée et soumise au “procès 1001”. D’autres organisations terroristes liées aux groupes d’extrême-gauche seront aussi soumis à des jugements qui font périr des membres du FRAP et ETA (procès de Burgos, 1975) et des anarchistes comme Salvador Puig Antic (exécuté par strangulation en 1974).

Chez les rangs franquistes, quelques anciens ministres comme Ruiz-Giménez et Fraga représentent “l’ouverture vers le centre”, et même le groupe Tácito publie des articles en faveur d’une ouverture politique sur le journal Ya. On pourrait atteindre du remplaçant de Carrero, Mr. Arias Navarro, une certaine ouverture vers la pluralité, d’après son discours énoncé en 1974 comme “l’esprit du 12 février” -qui permettrait le développement de l’associationnisme politique au sein du Mouvement National. Mais Arias sera plutôt “un désastre sans palliatif” pour la transition (déclarations de Juan Carlos à Newsweek en 1976), donc il se rallie aux membres du bunker, plutôt anciens phalangistes qui ne veulent pas une démocratie parlementaire. Arias Navarro démissione déjà proclamé Juan Carlos roi de l’Espagne, après la mort de Franco, et il sera remplacé par le pilot de la transition, Adolfo Suárez.

Finalement, la mort de Franco arrive en novembre 1975, quelques semaines plus tard de la Marche Verte, manifestation de la population civile marocaine encouragée par son roi, afin de revendiquer le droit d’annexion du Sahara Occidental, la dernière colonie espagnole -soumise à l’abandon. Juan Carlos jure comme chef d’État et avance -dans son premier discours- la volonté d’établir une vraie démocratie en Espagne, afin de se rassembler au contexte européen occidental. Et les mesures de grâce arrivent dans un contexte de protestation sociale à cause de la crise économique: l’amnistie pour les prisonniers politiques, le rétablissement du droit de grève et manifestation,…

Enfin, Suárez pousse la légalisation de tous les partis politiques -même le PCE, qui revendiquait depuis 1974 des élections libres, d’après le programme de la Junte Démocratique– et la convocation d’élections démocratiques en juin 1977. Mais pour arriver à ce but, il fallait voter le “hara-kiri” de la dictature, et la Loi de Réforme Politique -avec une grande quantité d’absences- est votée en novembre 1976, ce qui implique la disparition des organes de la dictature. En pleine transition démocratique, l’Espagne avance vers un régime représentatif qui est inspiré d’un ancien discours d’Azaña (“Paix, pitié, pardon”), évoqué comme symbole de réconciliation. Vraiment la transition espagnole sera toujours jugée comme un modèle, où elle deviendra tout simplement un mythe?

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