Aristote soutient que “l’homme est un animal politique, plus que n’importe quelle abeille et que n’importe quel animal grégaire”. Un certain nombre d’espèces animales vivent en groupes qui, dans une certaine mesure, semblent comparables aux sociétés humaines. Nous pouvons penser à la vie organisée des colonies d’abeilles dans les ruches, aux fourmilières, etc. Par rapport à ces communautés, les humains comprennent, inventent, mettent en oeuvre et réadaptent les règles de leur vie sociale. Ces aptitudes sont tributaires de la raison et du langage.
Être doué de langage et de raison, l’homme aurait ainsi une tendance naturelle à vivre en société. Par la cité (polis), l’homme intègre un milieu qui lui est propre. Au même titre que la morale, la visée du politique serait le bien suprême de l’homme, à savoir le bonheur. Aristote soutient que la vie politique doit être subordonnée à la voie d’accès privilégiée au bonheur qu’est l’activité désintéressée de la contemplation. C’est en vertu de la paix garantie par la cité que les hommes pourront se consacrer à la recherche intellectuelle en vue de devenir meilleurs.
L’État moderne conceptualisé par Hobbes diffère sensiblement de la cité aristotélicienne. Selon lui, le pouvoir politique ne tire sa légitimité ni de la nature, ni d’un quelconque droit divin. Pour Hobbes, la sociabilité humaine est accidentelle plutôt qu’essentielle. Selon le philosophe anglais, l’état de nature s’apparente à un état de guerre “de tout homme contre tout homme” (Léviathan). Cet état de guerre correspond à l’état d’esprit des humains. Seule la mise en place d’un État permettra à l’homme d’échapper à la menace permanente “de la mort violente” et d’ainsi devenir un être culturel. La sortie de l’état de nature correspond à l’entrée dans l’état civil. Cet état civil implique le transfert total de la liberté naturelle des individus au souverain. Hobbes justifie le pouvoir absolu de l’État.
Selon Rousseau, l’État légitime vise a mettre en accord la liberté et la sécurité. La légitimité de l’État repose sur la souveraineté absolue du peuple. En d’autres termes, est légitime l’État dont les lois sont la manifestation de la “volonté générale”. Cette volonté ne se résume pas à ce que veut la majorité, mais désigne ce qui, dans le vouloir de chaque citoyen, vise le bien de tout le monde.
Pour Locke, la liberté, la légitime défense et la propriété privée constituent les droits inaliénables des hommes à l’état de nature. Dans cet état, les principales sources de conflit résulteraient d’une abssence de régulations concernant la propriété privée. Locke explique le passage de l’état de nature à l’État en faisant appel à un pacte. La société politique vise à la préservation des droits naturels. D’après Locke, le droit de résistance peut et doit être opposé à l’État s’il met en danger ou viole les droits à la propriété et à la liberté qu’il a normalement vocation à sauvegarder.
Contrairement à l’absolutisme, les régimes totalitaires contemporains ont bénéficié de dispositifs bureaucratiques et techniques suffisamment développés afin d’étendre leur pouvoir de surveillance et de propagande à l’intégralité de la population. À l’instar d’Hannah Arendt, on peut se demander si les régimes totalitaires ne seraient pas davantage symptomatiques d’une “dépolitisation” que d’une hypertrophie du pouvoir de l’État.
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