Une carte de 1570 représente l’Europe comme une reine. C’est l’oeuvre de Sebastien Münster, un cartographe né le jour où Bartolomé Diaz a découvert le Cap de Bonne Espérance (janvier 1489).
La carte imaginaire qui montre l’Europe comme une reine qui a dans ses mains un globe et un sceptre démontre une idée de supériorité de ce continent. La reine symbolise la dominance et la fertilité, caractéristiques du fait historique et géopolitique de l’expansion coloniale à cette époque. L’Europe du XVIème siècle devient le continent de l’initiative des découvertes géographiques. La Grandeur atteint l’Europe, symbolisée par une femme jeune et élégante, qui porte la couronne sur la péninsule ibérique -le territoire le plus entrepreneur des voyages de “découverte”.
L’Espagne est la tête de cette reine mystique. Si avant l’ère moderne l’Espagne n‟existait pas comme une nation, après le mariage des Rois Catholiques elle devient la première puissance économique de l‟Europe tout au long du XVIème siècle et la plupart du XVIIème siècle, une position renforcée par le commerce et par la richesse des possessions coloniales, dont les trois piliers sont la mise en valeur du continent américain avec la production de métaux précieux, l’économie de plantation et la traite négrière. Quelques années plus tard, l’Espagne rejoint le Portugal sous le commandement de Philippe II -celui qui prononce la fameuse phrase: “Dans mes domaines, le soleil ne se couche jamais”.
La carte présente les principaux fleuves de l’Europe (le Rhône, le Rhin, le Vistule, la Danube,…); le coeur appartient à la Bohême, à l’intérieur d’une fertile plaine. Derrière la fôret de l’Est, les russes se cachent. Au-delà de la mer Noire, l’Asie se pointe. Toute une leçon de géopolitique sans avoir conscience du sujet.