Servitude et desobéissance

À l’âge de 18 ans, Étienne de la Boétie écrit son “Discours de la servitude volontaire”, un ouvrage qui prend le contrepied du Prince de Machiavel. De la Boétie remet en cause la légitimité des puissants; le jeune auteur soutient une thèse originale : la puissance du tyran repose exclusivement sur le consentement populaire; une fois que le peuple refuse cette puissance, le pouvoir du tyran s’écroule. De la Boétie pose les questions: Comment se fait-il qu’un seul puisse commander à tous? Qu’est-ce qui fait qu’un peuple puisse être l’instrument de son propre esclavage? Pour l’auteur, trois raisons peuvent expliquer cette attitude: l’habitude, la manipulation du puissant et l’intérêt ou le profit. Il considère que les êtres humains vivent sur une égalité fraternelle et cherchent à défendre leur liberté; donc, si la force peut contraindre un homme à obéir, c’est surtout l’habitude qui asservit, une habitude qui a fait oublier à l’homme qu’il était libre; aussi seuls l’éducation et le savoir sont capables de maintenir l’homme libre éveillé en l’écartant de l’ignorance qui le maintient dans la servitude. Le tyran cherche à abrutir ses sujets. L’alcool, le sexe, les jeux, deviennent des moyens de contrôler le peuple; la religion et la superstition sont aussie auxiliaires indispensables du pouvoir. Pour se maintenir en place, le tyran a besoin d’un petit nombre d’individus qu’il laisse profiter du système. Il les « tient » par l’appât du gain, des honneurs. Ainsi se maintient la structure pyramidale de la société, que le tyran contrôle du sommet à la base grâce à une chaîne ininterrompue d’hommes à son service profitant de ses bienfaits. A la base de cette pyramide, le peuple ne fait que soutenir la domination d’une « bande organisée » dont le chef est « sacré ». Ce sera au XIXème siècle  que ce texte est reconnu comme une œuvre majeure, une des premières à avoir théorisé ce que l’abolitionniste américain Henry David Thoreau appellera la désobéissance civile.

La désobéissance civile est un concept moderne, malgré le fait de sa déjà longue histoire à travers les siècles depuis Antigone. L’expression désobéissance civile (civil disobedience en anglais) apparaît pour la première fois en 1866 dans un recueil des œuvres complètes de l’écrivain américain Henry David Thoreau, publié quatre ans après sa mort. Thoreau avait passé une nuit en prison en 1846 pour avoir refusé de payer l’impôt afin de ne pas cautionner l’esclavage des Noirs et la guerre contre le Mexique. Il avait expliqué son geste dans une conférence donnée en 1848 au Lyceum de Concord sur Les droits et les devoirs de l’individu face au gouvernement. Thoreau explique qu’il ne suffit pas de condamner par la parole les injustices, de voter une fois par an même dans le sens de la justice ou de vouloir amender la loi injuste pour l’améliorer. Il affirme qu’il ne faut pas être soi-même complice de l’injustice que l’on dénonce. En payant l’impôt qui sert à financer la politique de l’esclavage et la guerre, le citoyen américain participe directement à l’injustice. Thoreau montre que la responsabilité du citoyen est engagée lorsqu’il obéit à la loi injuste. D’où sa célèbre formule : «Si la machine gouvernementale veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers notre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi. Que votre vie soit un contre-frottement pour stopper la machine. Il faut que je veille, en tout cas, à ne pas me prêter au mal que je condamne». Par ces mots, Thoreau fonde le devoir de désobéissance de l’individu face à l’Etat lorsque celui-ci institutionnalise l’injustice. Cet acte d’insoumission, selon Thoreau, est d’abord, mais pas exclusivement, une démarche personnelle qui permet de rester en accord avec sa conscience.

L’histoire “moderne” de la désobeissance civile commence en 1906, une fois Mohandas K. Gandhi, jeune avocat indien formé en Angleterre, défend les droits de la minorité indienne en Afrique du Sud. Le gouvernement vient de promulguer un projet d’ordonnance pour lutter contre l’immigration asiatique illégale, obligeant tous les Indiens à se faire inscrire auprès des autorités et à laisser leurs empreintes digitales sous peine d’amende, de prison ou de déportation. Le 11 septembre 1906, Gandhi organise un important meeting au théâtre impérial de Johannesburg au cours duquel il fait prêter serment aux trois mille participants de ne jamais se soumettre à cette « loi noire », qualifiée de « loi scélérate ».

Le débat public sur la notion de « désobéissance civile » a commencé aux États-Unis dans les années soixante avec le combat de Martin Luther King contre la ségrégation raciale. Luther King avait d’ailleurs été profondément influencé par le texte de Thoreau et le combat de Gandhi. Il se considérait lui-même comme l’héritier d’une « tradition de contestation créatrice ». Le leader de la lutte pour les droits civiques montre que la désobéissance civile devient légitime à partir du moment où les citoyens sont confrontés à la loi injuste.

On pourrait énoncer sept principes essentiels pour donner une cohérence éthique et une force politique à la desobéissance civile, nécessaires pour être légitime et efficace dans une société démocratique: une action collective, publique, non-violente, de contrainte, qui s’inscrit dans la durée, constructive et qui assume les risques de la sanction. Elle n’est pas une fin en soi; elle doit rester l’acte ultime, l’arme «lourde» de la stratégie de l’action non-violente, mise en œuvre une fois que tous les moyens légaux ont été tentés. 

O concepto de Occidente

Cando pensamos hoxe en día en “Occidente”, pensamos en sistemas políticos que están baseados na democracia representativa e o liberalismo económico, en sociedades de dereito que respetan os principios de liberdade que os filósofos da Ilustración branderon para cuestionar o autoritarismo e a superstición; por iso, tamén cando pensamos en “Occidente” temos a sensación de estar diante de pobos nos que o laicismo e as liberdades de expresión e imprenta están garantidas. Mais Occidente é unha construción ideolóxica que ten pasado por diversas fases, nas que se foron engadindo significados ligados á herdanza histórica (a civilización “clásica” grecorromana), relixiosa (Estados fundamentalmente cristianos que loitaron en tempos contra o Islam) e económica (a meirande parte dos territorios están vencellados ao predominio do capitalismo de mercado).

Porén, o concepto foi variando a través do tempo e do espazo. A historiadora Naoíse Mac Sweeney, que é un bo exemplo de identidade contemporánea, “nin de aquí nin de alá”, unha arqueóloga mestiza (filla de irlandés e chinesa) que rompe co choque de civilizacións proposto por Huntington. No seu libro “Occidente”, a autora válese das biografías e contextos históricos de 14 personaxes -na meirande parte pouco coñecidos- para trazar a evolución do concepto ao longo da historia. Comeza con Heródoto, o “pai da historia”, de orixe anatólica, que describíu a identidade grega antiga en base á lingua, os santuarios, os sacrificios aos deuses e o estilo de vida dunhas polis que marcaban as diferenzas cos “bárbaros” ou estranxeiros. Todos temos en mente o esplendor cultural da Atenas de Pericles, mais non hai que esquecer que aquela democracia tiña pouco de liberal, e o sistema político constituía unha decepción para Heródoto. Occidente non ten unhas raigames exclusivas, dado que o imperio romano foi unha nación mestiza, de grande extensión, que abranguía espazos de Europa, Asia e África; Roma era unha cidade multicultural, fundada polos descendentes da antiga Troia de Asia Menor, unha cidade non europea. De feito, os musulmáns de Bagdad, unha vez que o Imperio Romano caeu, tamén se consideraron herdeiros da antigüedade, gardaron os saberes dos vellos filósofos e reinterpretaron a Aristóteles; os bizantinos consideráronse directos herdeiros dese mundo clásico, subsistindo en Constantinopla durante un milenio, gardando alí os principais textos gregos.

Xa na Idade Media europea aparecen escritos que tratan de xustificar a primeira translatio imperii, e Godofredo de Viterbo vía na dinastía dos Hohenstaufen -a familia de Federico Barbarroxa- aos verdadeiros herdeiros do mundo clásico latino, que xa tiñan pasado polo tamiz carolinxio. As Cruzadas foron tempo de enfrontamento relixioso, de reivindicación do cristianismo como base do mundo occidental, ben que houbo igrexas cristiás en Etiopía, en Exipto, os ortodoxos gregos separáronse do dogma romano,… A comezos do século XIII, o abismo que separaba aos mundos grego e latino era máis insalvable que o que distanciaba aos cristianos dos mahometanos.

Será o Renacemento o momento en que se volva reivindicar a cultura grecorromana como base da antigüedade clásica, unha fusión que se observa claramente na obra de Tullia d’Aragona. A colaboración co mundo islámico podería terse dado doutro xeito se a correspondencia entre Safié Sultán e a raíña Isabel I de Inglaterra tivese continuidade cos seus descendentes, mais non foi así; en tempos de afirmación do anglicanismo, os británicos preferían ser turcos antes que papistas, mais foron os Habsburgo os que -presentando a batalla de Lepanto de 1571 como un combate heroico entre dúas civilizacións radicalmente opostas, Europa contra Asia, a cristiandade contra os infieis- incorporaron o matiz relixioso á construción do concepto de Occidente. Sería no século XVII Francis Bacon quen contribuiría a engadir ao relato a experimentación, a exploración e a Ilustración, quen poñería as bases dunha civilización occidental asentada no espírito científico e no progreso; a filosofía política deste tempo engadíu a defensa dos dereitos naturais como base da noción “occidental”, que se afirmaría co imperialismo europeo, “civilizador” e cristianizador, portador das “luces” a todo o mundo conquistado, idea que tamén defendería William Gladstone no século XIX.

A superioridade da raza branca foi estimulada polo discurso dos pais fundadores dos Estados Unidos de América, entre os que Joseph Warren desempeñou un papel significativo, pois xustificou a noción dunha nova traslatio imperii desde Europa ás terras norteamericanas, agora portadoras do destino manifesto duns patriotas liberados da opresión británica e defensores da emancipación dos brancos, malia que escravas negras intelixentes como Phillis Wheatley poidesen cuestionar a superioridade racial da poboación WASP.

Xa no século XX xorden as visións que permiten cuestionar as ideoloxías tradicionais nas que se basea Occidente, e entre elas destaca a de Edward Said, que vivíu no contexto da guerra fría -elemento que restrinxíu a civilización occidental aos países capitalistas e non comunistas- e do enfrontamento árabe-israelí a raíz da creación do Estado de Israel tras o Holocausto nazi; criticou a visión polarizada occidental contra outras civilizacións e fomentou a colaboración cultural para poñer fin ao enfrontamento de civilizacións.

Hoxe en día, Occidente síntese ameazado por outras civilizacións que loitan contra a súa minguada potencia: o islamismo militante de Daish, a Rusia de Putin e a China contemporánea son polos que compiten e cuestionan o dominio occidental. China, por exemplo, promove unha visión que se alonxa do choque de civilizacións. No seo do Foro de Civilizacións Antigas (FCA), creado en Atenas en 2017, unha serie de “grandes civilizacións antigas” (Grecia, China, Bolivia, Exipto, India, Irán, Irak, Italia, México e Perú) afirmaron unha visión máis atemporal ca dinámica, na que a idea de translatio está ausente. Por iso, a autora, lonxe de considerar que estea atacando a Occidente, considera que debe reformularse a historia desta civilización -que ten o valor extra de mudar e influir- en base a coñecer a diversidade dos elementos que a configuran en cada período.

O ensaio de Naoíse Mac Sweeney é altamente recomendable como lectura, non se dubide.

Le dilemme de Thanos

Dans le film “Infinity War”, Thanos est envisagé comme un seigneur de la guerre intergalactique. Il cherche six vitres magiques qu’on appelle pierres infinies, dont il prétend les voler et contrôler. Chaque pierre est un reste de la création de l’univers et, en gros, elles représentent des aspects comme la réalité, le temps, l’espace, le pouvoir, l’esprit et l’âme. Au fur et à mesure que Thanos prend ces gemmes, il les met sur son gantelet magique et avec chacune il devient plus puissant. Son but final est d’éliminer la moitié de toute la vie existente dans l’univers. En tout moment, les Vengeurs essayent de l’arrêter, mais ils ne réussissent pas, car ils refusent de sacrifier la vie des autres.

La mission de Thanos n’est pas la destruction pour la destruction. Il veut préserver la viabilité future de la vie. S’il veut détruire la moitié de la vie c’est pour sauver le reste et assurer sa continuité dans le temps. Après la bataille finale avec les Vengeurs, Thanos simplement claque les doigts, ornés dèjà avec les pierres infinies, et l’audience reste sans souffle en regardant que la moitié de leurs personnages favoris sont dissous comme des morceaux de sucre.

Le dilemme de Thanos nous met sur la question de quoi faire pour sauver l’humanité au cas ou la vie soit en danger, par exemple, avec l’urgence climatique. En effet, c’est un dilemme sur la surpopulation et les ressources que les auteurs de Superabundance utilisent comme exemple pour dévoiler leurs thèses antimalthusiennes. Pour eux, la croisssance démographique ne représente aucun danger; bien au contraire, la croissance de la population devient une opportunité d’augmenter la richesse. En utilisant des références optimistes comme celles de Pinker, les auteurs (Marian L. Tupy et Gale L. Pooley) défendent le progrès continu de l’humanité sous le calcul de l’augmentation de la richesse générale -en fonction de l’amélioration des prix-temps, vraie mesure de l’abondance et du surplus.

Est-ce que Thanos nous présente une éthique utilitariste? Comment agir selon le modèle de l’impératif cathégorique kantien?

Dieu, la science

Avec leur livre Dieu, la science, les preuves (Guy Trédaniel, 2021), Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies ont jeté un pavé dans la mare. Avec l’ambition de décrire les avancées récentes dans les domaines de la physique et de la cosmologie, ils essayent de déduire « des preuves de l’existence de Dieu (qui soient) modernes, claires, rationnelles, multidisciplinaires, confrontables objectivement (sic) à l’univers réel ».

Le “règne du matérialisme” sur le monde intellectuel a proposé un univers exclusivement matériel, alors il ne peut pas avoir de début. Au niveau philosophique, Parménide avait exposé vers 450 a.e.c. que “du néant absolu rien ne peut sortir”; aucun philosophe n’a remis cette évidence logique en question. Du point de vue scientifique, l’une des lois de l’Univers les mieux établies indique que “rien ne se perd, rien ne se crée”, et que la matière et l’énergie sont équivalentes avec un total stable; par conséquent, toute variation du total masse-énergie est impossible.

La question de l’existence de Dieu, en philosophie, suscite des avis opposés. Devant cette question, l’agnosticisme est une tentation; ce terme désigne ceux qui pensent qu’on ne peut se faire aucune idée de Dieu, et qui ajoutent qu’on ne peut savoir si Dieu existe ou non. Dieu est inconnaissable, il ne faut même pas se poser la question. Mais cette question demeure cependant l’une des plus fondamentales dans le cœur de l’être humain. Toutes les sociétés, d’ailleurs ont une religion. Il n’y a pas de société humaine sans divinité. Même si des biologistes comme Dawkins défendent toujours l’athéisme, le distique de Voltaire nous rappelle que « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger ». Il y a aussi des arguments cosmologiques, ontologiques et téléologiques pour expliquer l’existence de Dieu, et même d’autres: l’argument moral, du bonheur,…

Vague technologique

La vague qui vient va changer le monde. Peut-être les humains nous ne serons plus les principaux moteurs de la planète. Va-t-elle nous dépasser, la technosphère? On ne peut pas nier le rôle poussant de la technologie; il ne faut pas lutter comme des luddites contre les machines, car toutes les nouvelles vagues technologiques ont réussi. Il faudra s’en adapter, selon Mustafa Suleyman, auteur d’un livre qui avance le dilème proposé par le succès de l’intelligence artificielle en quelques années. Mais il faudra aussi poser l’endiguement de l’IA, mettre en place des lois éthiques et encourager la collaboration entre les entreprises et les États afin de maintenir le contrôle de tous les progrès, aussi avec l’édition génétique, l’eugénisme, les drones, les machines en général, dans un monde de plus en plus automatisé.

Les robots numériques ont vaincu les intelligences humaines aux échecs et au Go, le “problème du gorille” arrive -car quelques machines surpassent le “test de Turing”-, la concurrence des États nous mène sur une ancienne “guerre des armements”, qui est aujourd’hui une bataille numérique. Les technologues veulent avancer, c’est leur défi: quelques-uns d’entre-eux affirment que la solution aux maux de la planète (réchauffement climatique, production de nourriture, vieillissemment démographique,…) est toujours le développement de la technologie, même sans aucune restriction.

Byung-Chul Han, dans son livre “La fin des choses”, dit que  le monde concret et durable est érodé au profit d’un univers éphémère où le travail accompli par la main a laissé place au glissement des doigts sur l’écran du smartphone et à une “intelligence” artificielle, qui “pense à partir du passé”, est “aveugle à l’événement”. “Seule la main reçoit le don de la pensée,” souligne Han. Il pense que l’inhumanité est en marche.

Carissa Véliz nous a averti sur le contrôle auquel nous sommes soumis dans notre vie quotidienne. Elle défend l’idée de que “la privacité nous donne du pouvoir”, et nous habitons un monde dont l’exposition individuelle est continue. Elle fixe l’attention sur le manque de liberté des citoyens; certains États contrôlent notamment leurs sociétés, même avec un risque sérieux de dystopie [on peut se rappeler de la pub d’Apple en 1984]. En général, la surveillance augmente partout.

Le philosophe britannique Nick Bostrom a posé aussi l’hypothèse du monde vulnérable, selon laquelle tôt ou tard, une technologie pourrait décimer les humains: y sommes-nous bien préparés?

Alors, la cohabitation avec l’IA devient inévitable, mais il faudra mettre en place des règles pour assurer un vrai “serment d’Hippocrate” qui soit capable de consacrer la vaillance des machines en faveur de l’être humain. Ou bien l’ordre terrien sera définitivement remplacé par l’ordre numérique? 

“Barbie”, féministe?

En 2023, le blockbuster “Barbie” a eu un grand succès au cinéma. On y trouve une histoire sur la poupée commercialisée pour la première fois par l’entreprise Mattel en 1959, érigée au rang d’icône féministe. Critiquée pour son apparence -elle incarne tous les stéréotypes de la beauté dite « occidentale » (peau claire, cheveux blonds…)-, Barbie se distinguait au départ des autres poupées par ses mensurations hypertrophiées, notamment sa poitrine développée et sa taille trop fine. Néanmoins, elle fut aussi rapidement présentée comme une femme émancipée”, propriétaire de sa propre “maison de rêve” et d’une voiture de luxe assortie à ses tenues, exerçant aussi bien des métiers considérés comme “féminins” – top-modèle, hôtesse de l’air, baby-sitter… –, que d’autres dits “masculins” – chirurgienne, conductrice de train, astronaute…

L’argument “féministe” du film repose sur l’empouvoirement des Barbie, capables d’occuper n’importe quel poste sans renoncer à leur féminité, à la mode, au maquillage ou au rose, ce qui est déjà un argument pour promouvoir la poupée et contrer les critiques qui verraient en Barbie un modèle stéréotypé de féminité et un idéal corporel fantaisiste, source de complexe pour les filles. Dans le film, l’entreprise Mattel insiste sur son appartenance au groupe des “femmes”, distinct de et opposé à celui des “hommes” que représente Ken. Dans le monde réel, ces deux catégories sociales entretiennent des rapports de genre hiérarchisés (les hommes sont supérieurs aux femmes), qui reposeraient prétendument sur des différences “naturelles” liées au sexe. Une telle justification ne devrait pas exister dans le monde de Barbie : les poupées étant dépourvues d’appareils génitaux, il est impossible de faire reposer l’opposition entre femmes et hommes sur la différence des sexes.

Pour la sociologue anglaise, spécialiste des questions de genre Shelley Budgeon, considérer la féminité comme une source de pouvoir fait partie de la rhétorique post-féministe, sur laquelle s’appuie de toute évidence le film. le post-féminisme est incarné par la “troisième vague féministe” des années 1990, prônant l’autonomie individuelle des femmes et la conciliation entre féminité et pouvoir,   qui se caractérise dans la culture populaire par l’apparition de films et de séries télévisées mettant en scènes des femmes fortes et féminines. Barbie doit ainsi “faire avec” le patriarcat, condamnée à son destin de femme : lorsqu’elle décide de devenir humaine, le fantôme de sa créatrice Ruth Handler lui fait entrevoir une vie faite d’enfants, de mariages et de femmes enceintes. Si Barbie peut être qui elle veut, ce n’est donc qu’à condition de remplir ses rôles de femme: employée modèle, mais aussi épouse, mère et maîtresse de maison.

Quant au film, on peut critiquer son manque d’authenticité et la pub géante de Mattel au moment de redorer la marque. Même si on parle de quelques injustices sur l’égalité hommes/femmes, certains sujets sont “oubliés” (viol, violence domestique,…). Si Barbieland est au début un matriarcat et les hommes sont présentés comme des garçons ignorants, vraiment il y a plein de stéréotypes sur scène. Quel est le message à la fin, à qui s’adresse le film?

Source: The Conversation.

Femmes philosophes

Les femmes ont été toujours là, elles ont laissé sa trace dans l’histoire des idées. Il n’y aurait pas de féminisme sans philosophie, et le féminisme se développe en vagues successives du XIXème siècle à nos jours: la vague de l’égalité, de la libération, de la différence,… Alors, femmes philosophes ou barbarie!

De l’Antiquité à nos jours, les femmes ont influencé la pensée et les actes publiques, bien comme courtisanes érudites (Aspasie [*]), éducatrices qui défendent leurs droits (Mary Astell), existentialistes athées (Simone de Beauvoir),…

Effacées, oubliées, dédaignées, les femmes ont traversé l’histoire de la philosophie en clandestines. La marginale et contestataire Hipparchie est l’exemple de l’indifférence des cyniques; plus connue, Hypatie d’Alexandrie est un modèle néoplatonicien (très connue sa citation: “Réservez votre droit de penser, car même penser mal vaut mieux que ne pas penser du tout“) de liberté de pensée, indépendance et honnêteté. Au Moyen Âge, Hildegarde de Bingen serait la première philosophe à présenter une théorie complète de la complémentarité des sexes. L’époque moderne continue à avoir des influences platoniciennes, surtout dans le cas d’Anne Conway, qui s’anticipe à certaines idées de Leibniz.

Le féminisme avance de façon revendicative avec les Lumières et la Révolution Française. Une précurseure est Olympe de Gouges, signataire de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne (1791). La lutte pour l’égalité sera aussi promue par Mary Wollstonecraft, pionnière du mouvement suffragiste. L’utilitarisme s’incarne sur Harriet Taylor Mill [*], le rejet et l’opposition à l’oppression et les inégalités font partie en permanence de la pensée de Simone Weil, déjà au XXème siècle. La pensée politique retrouve la lutte contre l’intolérance et le dogmatisme en Hannah Arendt, qui défend toujours le pluralisme et l’inclusion.

En Espagne, l’écrivaine María Zambrano utilise la “raison poétique” [*] pour philosopher. Ágnes Heller représente la pensée marxiste postmoderne. L’écologie, sujet très important de nos jours, est prise par la primatologue Jane Goodall comme pilier de ses idées; elle décrit les similarités entre chimpanzés et humains, et prend une nouvelle perspective de Sapiens. Angela Davis [*] et Donna Haraway représentent les revendications du féminisme contemporain; la première nous mène sur le féminisme contestataire et l’anti-racisme, elle est une théoricienne des droits LGTBIQ+; Haraway nous engage sur le transhumanisme.

Libre arbitre

En philosophie, le pouvoir de la volonté est appelé libre arbitre. Ce pouvoir rend l’être humain différent de l’animal. La notion de libre arbitre est née avec Saint-Augustin, qui considère cela comme un cadeau divin. Plus tard, Descartes définit le libre arbitre lié à la volonté. Donc, l’être humain peut lutter contre les déterminismes et sortir de ses conditionnements. Le choix de l’humain est toujours lié aux capacités de l’individu et aux déterminismes imposés par l’environnement.

Déjà à l’époque de Zénon -représentant du stoïcisme, ce philosophe indique qu’il y a un déterminisme naturel qui nous pousse à agir de telle ou telle manière. Notre avenir serait, donc, déterminé. Spinoza écrit que “tout événement est déterminé par les causes qui le précedent”; pour ce philosophe, le libre arbitre relève d’une croyance religieuse; malgré cela, l’être humain éprouve un sentiment de liberté; mais ce sentiment devient une impression illusoire. À la fin, l’être humain est innocent, mais responsable.

Mais, est-ce que la liberté s’octroie-t-elle ou se conquiert-elle? Faut-il être libre pour acquérir la liberté? La liberté est-elle une liberté, ou une nécessité? En tout cas, la notion de liberté implique le pouvoir d’agir de manière autonome et sans contrainte: c’est un vrai état d’indépendance. Pour les jardiniers, par exemple, le Tiers-Paysage -expression du botaniste Gilles Clément- désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Est-ce que les plantes son là à son libre arbitre; ont-elles pleine liberté?

Travail

Le travail fait usuellement référence à toute activité humaine spécifique (d’un domaine d’application) consciente et volontaire (fruit d’une délibération et d’un choix préférentiel). Cette activité vise un but utile au sujet humain. Le travail participe au développement de la dimension culturelle du sujet humain: il lui permet d’obtenir ce qui lui est nécessaire et utile pour vivre et bien vivre. Toutefois, le travail peut aussi faire référence à une contrainte et même à une souffrance aggravé par les usages modernes et contemporains de la technique (mécanisation, automatisation, division des tâches, etc.); ainsi, le travail n’aurait plus rien à voir avec le développement et l’édification du sujet humain: il serait au contraire synonyme d’aliénation.

Comme le décrivent Marx et Engels dans “L’idéologie allemande”, à la différence de l’animal, le sujet humain peut produire ses moyens d’existence (“D’une part, l’animal est soumis à la fois à la nécessité des lois de la nature -par exemple, ne pas trouver de l’herbe en hiver- et à la contingence propre à chaque situation -par exemple, trouver ou ne pas trouver de la nourriture dans son environnement proche-. (…) D’autre part, le sujet humain est capable de ne plus dépendre des lois de la nature et d’échapper à la contingence de la découverte de moyens d’existence, car la production lui permet d’exploiter la nature en la transformant et en transformant ses règles -par exemple, la culture en serre.”).

Dire que le travail est productif n’implique pas qu’il soit édifiant, c’est-à-dire qu’il participe à notre amélioration. Nous pouvons observer chez certains animaux (corbeaux, singes) des comportements en apparence productifs mais, pour autant, nous ne constatons pas chez eux de phénomène proprement édifiant.

D’autre part, nous pourrions croire que l’aliénation serait liée au contexte de la production industrielle du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle. Mais elle est toujous présente dans nos sociétés contemporaines. Ce phénomène persiste à travers le management taylorien, c’est-à-dire la simplification du travail en tâches basiques où le travailleur devient incapable de concevoir la finalité de sa tâche.

Anthropologie

L’anthropologie est la science de l’étude des sociétés et des cultures humaines, des caractéristiques biologiques et physiologiques de l’Homme, et de leur évolution. Les anthropologues adoptent une approche large pour comprendre les nombreux aspects différents de l’expérience humaine (holisme). L’anthropologie examine le passé, à travers l’archéologie, pour voir comment les groupes humains vivaient il y a des centaines ou des milliers d’années et ce qui était important pour eux. L’anthropologie implique l’étude scientifique des êtres humains, de leur comportement et aussi de la structure sociale, englobant des caractéristiques du passé et du présent. Un anthropologue étudie, explique et comprend méticuleusement tout ce qui est lié à l’homme.

L’anthropologie culturelle est l’étude de la diversité culturelle de l’humanité tout entière. L’ethnographie désignait d’abord (fin XIXème -début du XXème siècle) la description des us et coutumes des peuples dits «primitifs» et l’ethnologie les connaissances encyclopédiques que l’on pouvait en retirer. En somme, l’ethnologie apparaissait comme la branche de la sociologie dédiée à l’étude des sociétés «primitives». À cette époque, le mot «anthropologie» «tout court» était réservé à l’étude de l’homme sous ses aspects somatiques et biologiques. Aujourd’hui encore, aux États-Unis, lorsque l’on dit anthropology «tout court», on entend le plus souvent l’étude de l’évolution biologique des êtres humains et leur évolution culturelle au cours de la préhistoire. De nombreux départements y regroupent encore l’anthropologie physique, l’archéologie et l’anthropologie culturelle. Mais, depuis la fin du XIXème siècle, l’expression cultural anthropology désigne l’enseignement comparatif que l’on peut tirer de l’ethnographie et de l’ethnologie, conçues comme la collecte de données et leur analyse systématique. 

Vérité

On entend d’ordinaire par vérité ce qui est conforme à la réalité, contrairement à l’erreur et à l’illusion, qui ne correspond à “ce qui est”. La vérité implique la description appropriée de la chose. La vérité exige que l’idée corresponde à son objet ou que notre discours correspond à la réalité. Elle est le mouvement qui révèle, qui montre ce qu’est la chose.

Selon Platon, La philosophie n’est pas la détention de la vérité, mais la passion infatigable de sa recherche, qui s’étend peu à peu à toutes les activités et à tous les désirs de l’homme. Comme méthode, il utilise le dialogue: réfuter, ce n’est pas avoir raison contre quelqu’un d’autre, c’est se prévenir soi-même de l’erreur; on ne triomphe pas de l’interlocuteur, on avance avec lui; il ne faut prendre garde qu’au propos lui-même, pas à une lutte entre prétendus adversaires; dialoguer, c’est «donner ses raisons et accueillir celles d’autrui».

Descartes utilise le “cogito ergo sum” comme une idée claire et distincte. La clarté désigne le fait que l’idée se manifeste directement à notre esprit par une seule et unique opération de la pensée. La distinction indique que l’idée est concevable sans qu’aucune confusion avec une autre idée ne soit possible.

Hobbes défend une conception nominaliste de la vérité. La vérité ne se mesure ni à partir de la correspondance de l’idée à la chose, ni à partir d’une idée qui serait immédiatement appréhendée par l’esprit. Pour Hobbes, le critère de la vérité n’est autre que la cohérence du discours écrit ou parlé.

Philosophie

Une gravure de Dürer présente l’allégorie de la Philosophie comme une dame sur son trône, entourée d’une guirlande de fleurs avec quatre médaillons: au-dessus, avec la référence des prêtres égyptiens et chaldéens; à droite, la référence aux philosophes grecs, sous l’effigie de Platon; en-dessous, les poètes et rhétoriques latins (Virgile et Cicéron); à gauche, le profil de Saint Albert le Grand, maître de Thomas d’Aquin. À l’extérieur de la guirlande, les quatre tempéraments d’Hippocrate soufflent selon certains vents: en haut, à gauche, le tempérament colérique, et le sanguin à droite; en-dessous, à gauche, la mélancholie, et à droite, le flegmatique.

Le texte classique de Karl Jaspers sur la philosophie propose une lutte contre le dogmatisme. D’autres auteurs consignent l’intérêt pour le raisonnement et l’amour par la connaissance. Aujourd’hui, la philosophie doit nous étonner; chacun peut nous inspirer sur le fait de philosopher. Les expériences des cafés philosophiques nous mènent sur des sujets contemporains, sur des ensembles de pratique démocratique au moment de décider sur quoi discuter. Beaucoup de comptes Instagram nous offrent des mèmes et des citations classiques, nous inspirent sur les questions de la vie quotidienne, dont on doit mettre en question nos idées préalables.

La philosophie nous interroge sur la vie, l’amour, la mort, l’être, le néant, tout ce qui se passe par notre esprit. La philosophie nous oblige à réfléchir, à douter, à penser. On a vu toujours la sculpture de Rodin comme modèle de philosophe, parce que la maxime socratique “connais-toi toi même” -qui inspire le “sapere aude” (“ose savoir”) d’Horace.

Socrate

Tout commence à Milet, au début du VIème siècle a.n.e.; une nouvelle manière d’enquêter sur le monde qui nous entoure apparaît. D’un coup sont nées la philosophie et la science. Thalès affirme, par exemple, que le Soleil est du feu et que la Lune n’émet pas de lumière propre.

Pythagore établit une relation particulière entre philosophie et mathématiques (“nous ne pouvons rien penser ni connaître sans le nombre”, écrit Philolaos de Crotone, disciple de Pythagore). Il établit, à Crotone, une communauté de disciples ouverte aux femmes et organisée selon des règles assez strictes: on doit mettre tous les biens en commun, respecter le silence, ni manger de la viande ou de poisson… D’après une légende ancienne, Pythagore aurait inventé le mot “philosophie”. L’homme, imparfait, ne peut être sage, privilège réservé aux dieux; le mieux que l’homme puisse faire c’est aspirer à la sagesse (philo-sophos).

Parménide affirme 2 thèses en apparence banales: l’être est, le non-être n’est pas. Ce n’est pas qu’un principe logique. L’être c’est notre monde, conçu comme une gigantesque Sphère, un univers fini, plein, clos, entouré de vide. Parménide dessine ainsi le modèle grec du kosmos.

L’ambition des premiers philosophes est de rendre raison de toutes choses. Ils lancent leurs recherches sur la nature fondamentale de tous les êtres. Ce sera Démocrite (460-370 a.n.e.) qui énonce l’idée de que toute chose est faite de particules insécables, les “atomes”. Notre univers n’est donc composé que de 2 “choses”: le vide et les atomes.

Au Vème s. a.n.e., Athènes devient une cité en pleine ébullition; on y fait la guerre, on y construit des théâtres et des temples, on admire ses hommes d’État. Un nouveau régime politique se développe: la démocratie. La philosophie se distingue des mouvements si florissants de la rhétorique athénienne et de la sophistique. Contre ceux qui se flattent de pouvoir discourir de tout et finissent par parler pour ne rien dire, Socrate, Platon et Aristote cherchent à fixer les conditions pour qu’un discours aît un sens et, même, qu’il soit vrai.

Joseph Bûhlmann (1879): "Le marché d'Athènes".

D’origine modeste, Socrate est un homme ordinaire qui est heureux au milieu de la foule; il fréquente les promenades, les gymnases et l’Agora à l’heure du marché. Il y développe l’art du dialogue, il interpelle n’importe qui pour explorer toutes les formes du savoir -diriger une cité, definir la piété ou l’amour. Il interroge ses interlocuteurs sans relâche: “que’est-ce que c’est?”, “que veux-tu dire?”, “pourquoi affirmes-tu cela?”. Comme sa mère accouchait les corps, Socrate cherche à accoucher les esprits à l’aide de sa méthode, la “maïeutique”, dont l’un des principes est l’ironie. Le véritable savoir ne peut venir que de soi, c’est-à-dire, de l’âme. Il reprend la maxime inscrite au fronton du temple de Delphes: “Connais-toi toi-même“, car, pour lui, la connaissance essentielle est celle de l’âme, qui seule peut conduire au bonheur.

Trois chefs d’accusation sont retenus contre Socrate: ne pas reconnaître les dieux de la cité, en introduire de nouveaux et corrompre la jeunesse. Le verdict le condamne à boire la ciguë, à 280 voix contre 220 des juges. Socrate refuse les aspects mythologiques de la religion populaire, mais il tient la vertu de piété en haute estime et revendique être au service des dieux. Socrate accepte la mort avec sérénité. Au XVIème siècle, Michel de Montaigne utilise une maxime adaptée de Socrate: “philosopher c’est apprendre à mourir“.

Jacques-Louis David (1787): "La mort de Socrate"

Un philosophe français de nos jours, Oscar Brenifier, utilise la méthode socratique pour apprendre à philosopher aux enfants (voir PDF).

Métaphysique

La métaphysique est intimement liée à la science et à la philosophie. Elle se positionne par rapport à ces deux domaines. La métaphysique est l’affirmation de la priorité de l’Être sur la puissance. Après la physique qui n’a pu arrêter la pensée à la seule évidence sensible, la métaphysique produit les catégories réflexives d’une présence désormais reconnue jusque dans les fondements mêmes de sa représentation rationnelle. Un même désir, une même sève irrigue tout l’arbre de l’Être. Sous le tronc de la physique, les racines de la métaphysique plongent dans les profondeurs insondables de la terre et nous en dégageons « l’explication des principaux attributs de Dieu » et de « l’immatérialité de nos âmes ». Si elle « dépasse » la physique, c’est pour venir « avant » et en protéger la paisible irréflexion : la transcendance est fondée dans l’attachement à soi. Fidèle à cet ordre logique, nous savons enfin qui est sujet, nous savons à quelle « nature » la pensée doit prêter allégeance.

La métaphysique ne dispose pas d’une seule définition, car elle a pris des sens différents selon les auteurs et les époques. Bien que le terme « métaphysique  » soit absent du vocabulaire d’Aristote, celui-ci est le premier à la concevoir en proposant comme « philosophie première » une « science de l’être en tant qu’être ». Emmanuel Kant redéfinit la métaphysique comme ayant pour objectif de s’élever jusqu’à la connaissance du « suprasensible », c’est-à-dire de connaître des objets inaccessibles à l’expérience sensible. Ses objets principaux sont notamment l’âme, le monde, et Dieu, en quoi la métaphysique recoupe en partie le domaine de la «théologie». Pour Kant, « La métaphysique est la science qui contient les premiers fondements de ce que saisit le savoir humain. Elle est science des principes de l’étant et non pas des principes de la connaissance ».

La métaphysique travaille autour des catégories: l’essence, l’existence, la vérité, Dieu, l’âme, le libre arbitre,…

Des vidéos: Qu’y avait-il avant le big bang? / La cause de la cause / Kant a-t-il détruit la métaphysique ? / Le mobilisme d’Héraclite / Pourquoi le changement est-il impossible pour Parménide / Le déterminisme de Spinoza

Science

La science est un mode de connaissance. À la différence du mythe, de la magie ou de la religion, elle représente un modèle de rigueur et une méthode de recherche de la vérité. Le trait distinctif des connaissances scientifiques est leur caractère démontrable. La science cherche d’abord à savoir plutôt qu’à croire.

Les sciences logico-mathématiques reposent sur des axiomes à partir desquels sont inférés des principes ou des lois ayant valeur universelle. Les sciences de la nature formulent des théories (c’est-à-dire un ensemble d’hypothèses ayant des visées explicatives) qui impliquent des prédictions quant à des phénomènes observables déterminés (la chute des corps, l’orbite des planètes, la fonction d’un organe du corps humain, etc.).

L’empirisme et le rationalisme sont deux manières d’aborder la démarche scientifique. L’empirisme soutient que la vérité repose sur l’expérience sensible. Pour les rationalistes, elle se révéle par l’usage de la raison. Toutes les sciences ont en commun de reposer sur une méthode stable, bien par induction ou par déduction. L’induction consiste à partir de faits observés pour construire une théorie permettant de les expliquer: on va du particulier au général; la déduction procède en sens inverse: à partir d’une loi, elle déduit les phénomènes qui s’en suivront.

Les preuves inductives sont nécessairement limitées, car nous ne pouvons observer notre univers en tout temps et tout lieu (une collection de faits particuliers ne peut pas donner lieu à une généralisation d’ordre rationnel). En plus, la question qui préoccupe Popper est celle du critère de démarcation, ce qui distingue la science de la non-science et des pseudosciences. Et Popper trouve ce critère sur la falsifiabilité.

D’après Kuhn, la majeure partie de l’histoire des sciences se caractérise par la pratique de la “science normale”, à savoir la recherche ayant trait aux implications et applications particulières du modèle épistémique ou paradigme [vidéo], partagé par la communauté scientifique. Seule une révolution scientifique, c’est-à-dire un changement de paradigme (par exemple, le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme) met fin à une période de crise.

Fiche-Kartable.

Des vidéos: La démarche scientifique / Méthode scientifique / Qu’est-ce que la science? / Ça, c’est du relativisme! / La signification de la connaissance / Qu’est-ce que la philosophie des sciences? / Qu’est-ce que les sciences humaines? / Les sciences sociales, c’est quoi? / Paradigmes sociologiques

Technique

La technique désigne un savoir-faire dont la mise en oeuvre permettra d’obtenir un résultat déterminé; elle renvoie aussi aux outils comme procédés servant à améliorer les facultés humaines ou ajoutant des propriétés au corps humain en recourant à des objets ou à des forces naturelles. La technique est aussi l’application pratique de la science.

Selon Aristote, l’homme est le plus intelligent (et donc le meilleur) des êtres vivants grâce à l’outil naturel qu’est la main, cette thèse s’établissant selon le syllogisme suivant:

L’idée selon laquelle la technique éloigne le sujet humain de la nature a été notamment défendue par Heidegger. Selon l’auteur, il y a un paradoxe de la technique et, plus précisément, de l’outil: l’outil est ce qui permet d’exploiter ou, au moins, de maîtriser notre environnement naturel, donc l’outil s’oppose à la nature; mais l’outil provient de la nature, donc sans la nature, aucun outil ne pourrait exister.

Est-ce que la technique éloigne-t-elle le sujet humain de sa nature? Ce problème se trouve décrit par Georges Friedmann dans son ouvrage Problèmes humains du machinisme industriel (1946). L’auteur distingue la valeur de droit de la valeur de fait de la technique. La valeur de droit est la valeur que la technique devrait avoir dans l’idéal, c’est-à-dire, qu’elle devrait participer au développement et à l’amélioration des facultés humaines; la valeur de fait, en pratique, exige toujours à l’humain de dépenser sa force physique. En somme, du fait de la technique, le sujet humain devient un instrument au sein d’un système qui le dépasse et qu’il ne contrôle plus.

Devant la techique, il y a des philosophies qui proposent la technophilie et d’autres qui mettent en place la technophobie.

La technique ne cesse pas de progresser; elle perdure dans le progrès. La technique a permis d’améliorer les conditions de vie d’un certain nombre d’êtres humains; la philosophie du positivisme encourage ce progrès. Par contre, d’autres philosophes se posent la question des dangers du “règne technique” et de la technocratie, On peut se rappeler de la citation d’Einstein: Le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mise dans les mains d’un psychopathe.” [*]. Alors, le progrès est un mythe?

Des vidéos: Hannah Arendt: l’outil et la machine / La technique / Fiche-notion / Comment l’intelligence artificielle révolutionnera-t-elle la santé? / Transhumanisme / Pourquoi l’intelligence artificielle a besoin d’éthique? / Serons nous remplacés par des intelligences artificielles?

AI: more than human

A intelixencia artificial está cada vez máis presente nas nosas vidas. Os vellos mitos do Golem, Frankenstein, os deuses kami… deron paso a investigacións que implementaron códigos binarios, algoritmos e máquinas como Enigma. Precursores como Ada Lovelace e Alan Turing están dentro do período de incubación da AI contemporánea.

A idade dourada da AI (1956-1973) -expresión acuñada por John McCarthy en 1956 como “ciencia e enxeño de facer máquinas intelixentes”– anticipa o momento en que esta nova tecnoloxía se difunde na nosa sociedade de xeito masivo: o supercomputador Deep Blue de IBM gañoulle ao xadrez a Gari Kasparov en 1997; Watson venceu no Jeopardy! en 2011; Siri está activa en iPhone desde 2011; Alpha Go derrotou ao campión de Go coreano Se-Dol en 2016.

A meirande parte dos empregos que estarán a disposición en 2030 non existen hoxe en día. O presente e futuro da intelixencia artificial aplicaranse á medicina, ao lecer, á planificación urbana, á preservación e coñecemento de ecosistemas, á industria automobilística… Affectiva, Aibo, CRISPR, Deep Dream, Hatsune Miku, The Line ou Synthetic Apiary son bos exemplos. O que esixirá este emprego expansivo da intelixencia artificial é unha reflexión sobre o seu papel na sociedade e os límites éticos a impoñer ao uso da mesma.

Robots

“Máis alá do humano”, dicíanos Lovelock, atopamos os robots. A obra teatral “R.U.R.” (Robots Universais Rossum), de Karel Čapek, introducíu este termo nas nosas vidas, en 1920. O neoloxismo de Čapek derivaba dunha verba checa que significa “traballo forzado”. A verba “robot” sobrevivíu para designar máquinas de apariencia humanoide, mais semellantes aos escravos no seu comportamento.

Cando pensamos en robots, coidamos que teñen un defecto fundamental: carecen de algunha cualidade humana elemental (alma, empatía, imaxinación,…). Estivo Data ás portas de sobrepasar eses límites, mais “un robot non pode facer dano a un ser humano” (1ª lei da robótica, proposta por Asimov).

O futuro Novaceno quizás nos teña deparada a existencia de cíborgs con velocidade e potencia de pensamento superiores aos humanos. A intelixencia artificial avanza a pasos axigantados, é máis que humana. E quen sabe se convivamos nun mundo imaxinado polo poeta Richard Brautigan en 1967, cando escribíu “All Watched Over by Machines of Loving Grace”:

(…) of a cybernetic meadow
where mammals and computers
live together in mutually
programming harmony
like pure water
touching clear sky.

I like to think
(…)
where we are free of our labors
and joined back to nature,
returned to our mammal
brothers and sisters,
and all watched over
by machines of loving grace.

Certo que ese futuro non deixa de plantexar enjeux éthiques.

Identité

Qui suis-je ? Quelle est mon identité ? Qu’est ce qui fait mon identité ? Ce sont des questions courantes. Même on invoque l’identité sexuelle, religieuse, culturelle. Certains insistent sur l’identité, « l’ADN », de leur entreprise ou de leur institution. La question de l’identité est partout. Au niveau de la philosophie, l’identité « personnelle » est un thème important. La légende du bateau de Thésée illustre cette question.

Les fonctions cognitives de l’humain ce sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent d’être en interaction avec notre environnement : elles permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances, raisonner, s’adapter et interagir avec les autres.

La personnalité implique le sujet, la conscience [et l’inconscient, ce qui échappe à la conscience] et la sexualité. Donc, les études de genre impliquent fixer l’attention sur l’égalité et la liberté des sexes.

Des vidéos: John Locke, le bateau de Thésée et le problème de l’identité / Le paradoxe de l’identité personnelle / Tout ce qu’il faut savoir sur la lettre à Ménécée d’Épicure en 8 minutes (bonheur et désirs) / Histoire de la personnalité / How language shapes the way we think / La transformation du cerveau au fil de la vie / Les notions de sexe et de genre / Le gender mainstreaming / C’est quoi le patriarcat ? / Le féminisme, c’est quoi? / Comment Simone de Beauvoir a écrit “Le Deuxième Sexe”

Nature humaine

Est-ce que le sujet humain a une place particulière au sein de la nature? (Peut-être la nature ce soit un beau tableau de Friedrich).

La biologie, science apparue au début du XIXème siècle, essaye d’identifier les caractéristiques communes à tous les êtres vivants. La recherche au niveau de la microstructure ont permis la découverte de la théorie célulaire; finalement, on réduit les propriétés des cellules aux propriétés physicho-chimiques de la matière. Cet écueil de réductionnisme a été surmonté avec l’émergence de la génétique, qui a mis en évidence la transmission des caractères héréditaires.

L’interrogation sur la place du sujet humain au sein de l’ensemble des êtres vivants a mené à quelques théories opposées comme le fixisme (Cuvier), le transformisme (Lamarck) et l’évolutionnisme (Darwin * -et **-).

La conjugaison entre dimension naturelle et non naturelle du sujet humain s’opère par le biais de la notion de culture. Hegel soutient que le sujet humain se définit notamment comme conscience de soi pratique, reposant sur l’interaction qu’il entretient avec son environnement. Chez l’être humain, il y a une activité pratique qui consiste à transformer son environnement.

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